L'emploi du terme "adorer" est inadéquat pour décrire la nature de la relation qui existait entre Bonaparte et Joséphine. Le terme serait peut-être plus adapté pour décrire l'amour que Berthier avait pour la comtesse Visconti. L'adoration suppose en effet une acceptation totale de ce que fait l'être aimé, y compris la souffrance qu'il pourrait infliger à celui qu'il aime. De même, l'adorateur se trouve en position d'infériorité par rapport à l'être adoré (c'est un schéma caractéristique de l'amour courtois). Or dans le cas de Bonaparte, il n'y a absolument aucune acceptation des manoeuvres de Joséphine, ni infériorisation de sa part. Au contraire, il fait des reproches à sa femme, il se plaint de son absence, il la menace, il lui donne des orders tandis qu'elle s'en fiche complètement. Bref, en employant ce terme, Masson ne montre pas une compréhension très subtile de la situation. Pour lui, il n'y a qu'une seule sorte de passion amoureuse et tous les mots se valent pour en parler. De là à dire qu'il ne sait pas de quoi il parle, on pourrait effectivement arriver à cette conclusion.bastet a écrit :Un homme pris par les sens peut "adorer", ne serait-ce que pour un temps, la femme qui l'initie, pour ainsi dire, aux plaisirs de l'amour.
Sauf que vous vous refusez à comprendre ce qu'elle révèle de l'âme humaine dès le moment où cela ne va pas dans le sens que vous voulez.bastet a écrit :Moi mon taf ce n'est pas l'histoire, je ne l'aime en fait que pour ce qu'elle révèle de l'âme humaine.
Sans aucun doute. Mais encore faudrait-il que vous preniez la peine de regarder comment fonctionne effectivement l'âme humaine, plutôt que de vous complaire dans la lecture insipide d'auteurs qui préfèrent cacher ce fonctionnement dès qu'il n'est pas en conformité avec ce qu'ils voudraient qu'il soit.bastet a écrit :Il est toujours intéressant de regarder fonctionner l'âme humaine
Vous commencez par affirmer (à tort (1) d'ailleurs) que Frédéric Masson est le "père éponyme de l'histoire napoléonienne".bastet a écrit :Je ne pense pas fonctionner au principe d'autorité, ne vous en déplaise
Vous continuez en disant que de ce fait vous ne vous (2) permettriez pas de mettre en doute ce qu'il a écrit, laissant clairement entendre que toute mise en doute d'un auteur si réputé est téméraire, voire intolérable.
Si ça, ce n'est pas recourir à l'argument d'autorité, qu'est-ce que c'est selon vous ?
Est-ce l'incapacité de comprendre la nature de vos actes, qui est pourtant évidente pour tout autre personne que vous, qui motive votre intérêt pour l'inconscient ?

(1) "A tort", ai-je écrit, parce que l'adjectif éponyme selon la définition du dictionnaire ("(Celui, celle, ce) qui donne son nom à quelque chose ou à quelqu'un, à qui l'on se réfère, que l'on vénère") s'applique à une personne ou un lieu qui donne son propre nom à quelque chose. L'éponyme de l'histoire napoléonienne n'est donc pas Frédéric Masson, mais Napoléon lui-même. (Il vaut mieux quand on veut faire usage d'un mot rare qui est censé donner l'impression d'une bonne culture en vérifier le sens avant de l'employer à tort).
(2) En réalité, vous aviez écrit que "vous ne permettriez" et non que "vous ne vous permettriez pas". Vous avez ensuite corrigé ce lapsus. Mais en tant que personne s'intéressant à la psychanalyse, vous n'êtes probablement pas sans savoir qu'un lapsus est toujours significatif et que c'est un révélateur de l'inconscient.