L'intensité de ce récit augmente prodigieusement au moment où l'unité de Frédéric Gküntz, le 4ème régiment de hussards, est engagé dans une bataille. Perez-Reverte nous plante le décor de ce qu'est la guerre, la vraie, pas celle des livres : du sang, de la boue et de la merde....
Dans l'euphorie des récits épiques des campagnes napoléoniennes, nous ne devons pas oublier le prix de la gloire : les souffrances, les douleurs des mères, épouses et enfants. Ma modeste personne, parfois entraînée par un enthousiasme excessif, doit se rappeler à l'ordre...La lecture ne fait qu'un seul bruit : celui des pages tournées, les illustrations omettent les boîtes craniennes défoncées et les récits embellis des batailles ne nous restituent pas la douleur d'un jeune soldat, blessé au ventre, qui voit son corps se vider de ses entrailles.
L'auteur espagnol n'a pas de parti pris. Le récit est servi par une écriture élégante et nerveuse pour les scènes d'action. Lorsque les hussards chargent, le lecteur se trouve parmi eux par la force de l'écriture !
La cruauté de la guerre ne me fait pas perdre de vue que la quasi totalité des guerres napoléoniennes étaient imposées à la France...Mais il faut être lucide et ne pas avoir la cruelle légèreté de penser que l'Epopée napoléonienne n'est faite que de brillants uniformes et de bals aux Tuileries...
A travers un des personnages, afrancinado, c'est-à-dire Espagnol rallié aux Français, l'auteur pointe du doigt l'ignorance de Napoléon sur l'esprit de résistance des Espagnols. Cette résistance ne se résume pas à des ignares qui auraient été entraînés par des curés arrièrés. Et c'est tout à l'honneur d'un peuple, connaissant une coccupation militaire, que de se défendre....Ceci ne remet pas en cause, cependant, ce qu'il pouvait y avoir de positif dans ce que pouvait amener la France en Espagne.
Un livre à lire ABSOLUMENT !
