duc de Raguse a écrit :Si la majorité des Italiens, des Polonais, des Allemands et quelques Espagnols (les libéraux au départ) ont accueilli les armées françaises comme des libératrices face aux pouvoirs absolutistes Bourbon, Romanov et Hohenzollern, c'était en espoir de réformes politiques et juridiques (l'égalité en droit) pour leurs peuples.
Lire un tel ramassis d'inexactitudes est toujours énervant.
Sur quelles sources vous appuyez-vous pour prétendre que la majorité des Italiens et des Allemands auraient accueilli les armées françaises comme des libératrices ? Nous ne disposons d'aucune statistique qui permettrait de mesurer une telle chose.
Pour ce qui est des Allemands qui auraient accueilli les armées françaises comme des libératrices face au pouvoir "absolutiste" (le qualificatif lui-même paraît quelque peu contestable) des Hohenzollern, cela me semble relever de la plus pure affabulation. C'est seulement en 1806 que Napoléon a pu "libérer" les populations allemandes du pouvoir des Hohenzollern. Or, à cette date, il n'y avait plus de majorité d'Allemands prête à accueillir les Français en libérateurs. La défaite humiliante infligée à la Prusse, loin de réjouir les Allemands, n'a fait qu'exacerber le nationalisme allemand au point que Bismarck aura l'idée en 1870 de consolider l'unification allemande en infligeant à son tour une défaite humiliante à la France.
En ce qui concerne les Italiens et Napoléon, il faudrait aussi un peu sortir de la vision légendaire. La soumission ne s'est pas faite sans heurts. Le futur maréchal Lannes avait exprimé son dégoût après avoir dû obéïr aux ordres qui lui firent incendier le village de Binasco et participer à la répression de la révolte d'Arqueta lors de la première campagne d'Italie.
Sur un autre forum (et oui, c'est toujours sur un autre forum

), Cyril a longuement décrit le prix que la Lombardie eut à payer pour sa "libération".
http://www.napoleon1er.org/forum/viewto ... 0591#60591
C'est en fait une bien curieuse façon de libérer un pays.
Est-il besoin également de rappeler comment, en guise de libération, la République de Venise perdit définitivement son indépendance pour être livrée à l'Autriche dans le cadre d'un marchandage pour obtenir une paix dans laquelle elle n'avait rien à gagner ?
Il est sans doute également inutile d'insister sur le cas de l'Espagne qui préfigure la guerre de partisans que la Yougoslavie et les maquis dans les autres pays mèneront contre l'occupation nazie.
Quant aux Polonais, on sait très bien qu'ils furent complètement floués dans cette affaire. Napoléon, pour ménager le Romanov dont il était censé les libérer, ne leur accordera jamais ce qu'ils espéraient à savoir la renaissance de leur pays. Ils devront attendre un siècle de plus pour l'obtenir.
Et évidemment, vous vous êtes bien gardés de parler des Hollandais. Et pourtant, ce sont les seuls à avoir appelé les Français à l'aide pour les "libérer". Mais il est vrai aussi qu'ils ont dû déchanter tellement vite quand ils ont vu qu'une fois sur place, ils ne pourraient plus être quitte de leurs "libérateurs". Il vaut donc mieux ne pas trop en parler.
duc de Raguse a écrit :Je trouve, au contraire, qu'Hitler en utilisant certains "outils" communs à Napoléon a gouverné dans ces pays dans une approche diamétralement opposée à celle de Napoléon.
Il n'était pas du tout question de la manière dont Napoléon et Hitler avaient gouverné les pays soumis à leur domination par les armes dans le texte auquel vous répondez, mais uniquement de la manière dont cette domination avait été assurée. Je ne vois donc pas l'intérêt de venir réfuter quelque chose qui n'a jamais été écrit à part pour faire croire que cela aurait été écrit et prouver ainsi une fois de plus que votre interlocuteur écrit des inepties.
Posté sur le forum Pour l'Histoire par Frédéric Staps le 06/12/2005 09:16