Benjamin a écrit :Napoléon était un immense stratège militaire ( général à même pas 25 ans), au milieu de ses hommes, ne craignant ni les boulets, ni la mitraille.
Ses talents militaires ont forcé l'admiration de tous.
Hitler était un pauvre caporal qui se prenait pour un grand chef.
Si Hitler avait eu un talent militaire égal ou supérieur à celui de Napoléon, les choses auraient sans doute été pires encore. On ne peut donc que se réjouir qu'il n'en ait rien été.
Benjamin a écrit :Napoléon a pris le pouvoir par un coup d'état pacifique, un coup d'état dont au départ il ne devait pas être bénéficiaire, cela devait servir, entre autre Sieyes.
Napoléon n'a jamais eu l'intention de se contenter de servir les intérêts de Siéyès. Dès le coup d'Etat, il s'était fait proclamé
Premier Consul. Ces intentions étaient donc assez claires. Ensuite, il a très rapidement évincé Siéyès qui n'a plus jamais joué de rôle politique de premier plan. Le coup d'Etat a dû par ailleurs recourir à la force des armes sinon il était sur le point de tourner au désastre en partie parce que Bonaparte s'était montré maladroit. C'est en fait son frère Lucien qui en appelant les troupes à la rescousse lui a sauvé la mise.
Benjamin a écrit :Napoléon avait une volonté de redonner éclat à son pays, son pays qui au lendemain du directoire est un pays exsangue, ruiné, malade.
"Le Directoire n'a pas été qu'une république bourgeoise partagée entre incapables et corrompus, logiquement destinés à tomber sous les coups d'un général ambitieux, image laissée par une historiographie assez simplificatrice" (Jean-Pierre BOIS,
De la paix des rois à l'ordre des Empereurs 1714-1815. Nouvelle histoire des relations internationales, t. 3, Paris, Seuil, 2003, p. 307)
Benjamin a écrit :Hitler lui avait une volonté de créer une race supérieur. Ce n'était pas tant la nation en tant que térritoire mais en tant qu'unité Allemande supérieure qui l'interessait.
Cette vision d'Hitler paraît un peu simplificatrice. ll arrive lui aussi au pouvoir dans un pays humilié et en crise profonde. Après l'épisode de l'inflation galopante liée à l'occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges, l'Allemagne avait été frappée à nouveau par la crise économique mondiale. L'aspiration à un régime fort qui remettrait de l'ordre dans un pays en crise est donc en partie comparable à ce qui a amené Bonaparte au pouvoir. Et Hitler parvient au pouvoir non pas grâce à un coup d'Etat, mais grâce aux élections comme Napoléon III.
Benjamin a écrit :Hitler a massacré le peuple Juif, Napoléon l'a intégré.
Il y a effectivement une grande différence entre Napoléon et Hitler sur ce point. Il y aurait sans doute quelques nuances à apporter sur l'intégration due à Napoléon, mais ce sont des nuances qui ne font pas que la politique de Napoléon à l'égard des juifs puisse en rien être comparée à celle d'Hitler.
Benjamin a écrit :Hitler s'est servis de ses armées pour asservir
Napoléon a fait cela aussi.
Benjamin a écrit :pour suivre une idéologie morbide
L'idéologie occupe effectivement une place considérable dans la politique d'Hitler. Il n'en va pas de même pour Napoléon.
Benjamin a écrit :ou les faibles entravaient les forts.
Je ne comprends pas le sens de ce morceau de phrase.
Benjamin a écrit :Napoléon lui s'est servi de son armée pour se défendre des coalitions anti-Française.
Pas uniquement quand même. Napoléon s'est d'abord servi de son armée pour se hisser au pouvoir.
Benjamin a écrit :Entre temps il y a eu l'Espagne
Et aussi la campagne de Russie.
Benjamin a écrit :qu'il avoua être une grosse erreur
Napoléon reconnut surtout que l'affaire d'Espagne fut une grosse erreur parce qu'elle échoua. S'il n'avait pas échoué, il est probable qu'il n'aurait jamais considéré cela comme une erreur. Au Tyrol où les armées française et bavaroise connurent également de gros échecs mais où l'affaire se solda finalement par une victoire, Napoléon n'y vit jamais une erreur, alors que c'en était une.
Benjamin a écrit :mais cette sale affaire d'Espagne est due en grande partie à l'obligation qu'il avait de faire respecter le blocus continental
Obligation n'est sans doute pas le bon mot.
Benjamin a écrit :que le Portugal violait allègrement en commerçant avec l'Angleterre.
L'affaire d'Espagne et la guerre du Portugal sont des choses un peu distinctes et il est singulier de considérer que le Portugal a violé le blocus continental. En quoi Napoléon était-il en droit d'imposer au Portugal le respect de ce blocus ?
Benjamin a écrit :Hitler était un immense revanchard, un extrémiste
Les vainqueurs de la Première Guerre mondiale qui étaient en partie animés par un esprit de revanche (la France voulait faire oublier l'humiliante défaite de 1870 et la Belgique entendait faire payer à l'Allemagne la violation de sa neutralité) portent une certaine responsabilité dans le succès politique d'Adolf Hitler. Les clauses humiliantes du traité de Versailles n'étaient certainement pas de nature à apaiser les conflits en Europe. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la leçon était par contre mieux comprise et la création du Marché commun a eu pour but d'éviter de retomber dans les mêmes erreurs.
Benjamin a écrit :Napoléon était avant tout un homme des lumières et un militaire.
Napoléon a bien souvent commis les mêmes erreurs que les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Il a cru que ses victoires lui donnaient le droit d'humilier les vaincus et de leur imposer des conditions de paix draconiennes. Résultat : il a suscité tout autant que les vainqueurs de la Première Guerre mondiale de violentes réactions nationalistes qui ont amené de nouvelles guerres.
Benjamin a écrit :Napoléon a fait immensemment pour la France, en jettant ses masses de granit, code civil, banque de France, cour des comptes, conseil des prud'hommes, lycées, préfectures, la liste est si longue.
La comparaison ne portait pas sur ce point-là, mais sur la vision européenne des deux hommes. L'oeuvre de chacun pour son pays est un terrain glissant. On peut en effet relever des réalisations importantes d'Hitler pour l'Allemagne. Il a sorti l'économie de son pays de la crise et a ramené une certaine prospérité, mais à quel prix ? C'est bien là qu'est le problème : le réarmement, la spoliation des juifs (avant leur extermination), l'élimination brutale de la contestation ouvrière... Mais en oubliant ces aspects extrêmement négatifs, on peut toujours arriver à dresser un bilan positif de la politique hitlérienne. De même en saucissonnant l'histoire, on peut oublier la conscription, la ruine des pays voisins, l'étouffement des libertés qui marquent le règne de Napoléon pour ne retenir qu'une image idéalisée.
Benjamin a écrit :Après avoir pacifié l'Europe par la paix d'Amiens, il déclara pouvoir enfin se consacrer pleinement aux affaires interieures, il fut concilliant à un point que jamais plus il n'attendra, malgré cela l'Angleterre le pousse à la guerre.
"Un an après la signature de la paix d'Amiens, l'Europe n'est déjà plus en paix, sans être vraiment en guerre. Dès le début de 1803, ne voyant pas venir de traité de commerce et alors qu'elle assiste impuissante à l'intervention du Premier consul dans l'organisation politique et territoriale des républiques soeurs et de l'Allemagne, l'Angleterre refuse d'évacuer Malte et, le 26 avril, remet à Bonaparte un ultimatum; son ambassadeur quitte Paris. Le gouvernement de Londres, considérant la rupture diplomatique comme un état de guerre, contrairement aux usages diplomatiques, fait aussitôt saisir en mer des bâtiments de commerce français. La France peut stigmatiser la piraterie de la "perfide Albion", prétexte pour occuper le Hanovre et prendre pied en Allemagne du Nord. Dans l'immédiat, ce nouvel état de fait lui donne une occasion de se rassembler autour de son chef, résolution affermie par le retour des complots royalistes stipendiés par Londres - ainsi, celui de Cadoudal -, et couronnée par la transformation du Consulat en Empire. Le général Bonaparte, Premier consul, devient Napoléon Ier, sacré le 2 décembre 1804 à Paris par le pape Pie VII. Déjà dans le cadre de sa lutte contre l'Angleterre, l'Empereur se préparer à dominer l'Europe". (J-P Bois,
Ouvr. cit., pp. 331-332)
Benjamin a écrit :A tort ces guerres furent baptisées "guerre napoléoniennes", cela est beaucoup plus complexe, et remonte bien avant que Napoléon ne soit au pouvoir, qui plus est il n'en est nullement le déclencheur, seulement peut être a t'il eu le tort de trop gagner, de trop croire que les victoires l'autorisaient à annexer...
Les guerres napoléoniennes (le qualificatif désigne avant tout l'époque et non le responsable des guerres) clôturent un long cycle pluriséculaire de guerres entre la France et l'Angleterre. On parle parfois d'une "troisième guerre de cent ans" inaugurée à l'époque de Louis XIV et qui se terminerait en 1815. Les guerres napoléoniennes inaugurent également un nouveau cycle de guerres : ce sont celles qui opposent la France à l'Allemagne. Cet antagonisme de l'Allemagne vis à vis de la France suscité notamment par la défaite humiliante de la Prusse en 1807 mais aussi par l'occupation d'une grande partie de l'Allemagne par la France jusqu'en 1813 sera en partie le ciment de l'unité nationale allemande. Ce n'est pas vraiment par hasard que la Prusse choisit de faire la guerre à la France en 1870 pour terminer l'unification allemande et la proclamation de la création du IIe Reich dans la galerie des glaces du château de Versailles a une valeur hautement symbolique de revanche contre cette France qui de Richelieu à Napoléon n'avait cessé de vouloir diviser la nation allemande. Cet antagonisme profond se manifestera à nouveau lors des deux guerres mondiales du XXe siècle et ne sera véritablement éliminé qu'avec la création de l'Union européenne, même si un cinéma populiste essaie encore parfois d'exploiter ce filon germanophobe à des fins strictement commerciales (voir
Taxi ou
Fanfan la Tulipe).
Benjamin a écrit :Il a mené un véritable bras de fer avec l'Europe, ces nations, Prusse, Autriche, Russie, Angleterre, finalement elle ont fait et défait Napoléon.
Le bras-de-fer avec l'Europe nous éloigne beaucoup de l'idée d'une unification européenne. Et si Napoléon a à Sainte-Hélène formulé des idées sur l'Europe, c'est bien comme l'explique Jacques-Olivier Boudon parce que n'étant plus empereur, il peut se permettre de rêver à ce qu'il aurait pu faire mais qu'il n'a pas fait et parce qu'il "recompose" son histoire.
Benjamin a écrit :Il y a une phrase qui résume assez bien ces guerres, "j'étais forçé d'abattre sous peine d'être abattu".
Ca, c'est très clairement la version des faits de Napoléon. On sait très bien cependant que dans un conflit armé, il ne faut jamais prendre pour argent comptant l'explication fournie par l'un des belligérants.
Benjamin a écrit :Napoléon a été prisonnier de ses conquêtes.
Prisonnier consentant, alors.
Posté sur le forum Pour l'Histoire par Frédéric Staps le 19/05/2004 08:34