Plutôt que celle du régime, il me semble que c'est la question de la légitimité des hommes qui se pose. Je vois la représentativité comme toute relative : on élit des personnes auxquelles on accorde un certain crédit, mais le mandat impératif étant proscrit, rien n'impose qu'elles soient strictement tenues par la plénitude des opinions de leurs électeurs. Par ailleurs, je ne pense pas que le régime soit en cause dans le fait que la minorité "activiste" fasse plus de bruit que la "majorité silencieuse". La question est davantage liée à ce que j'appellerais une "sociologie collective" de la France.Frédéric Staps a écrit :La question de la "majorité silencieuse" nous ramène au coeur du problème de la légitimité du pouvoir. Comment un régime qui se présente comme représentatif de la société française pourrait-il être légitime dès le moment où l'on estime (à tort ou à raison ?) qu'une minorité bruyante arrive à faire écran aux opinions de la "majorité silencieuse" ?
Il y a toujours les sondages d'opinion, bien qu'on ne puisse pas leur accorder une crédibilité extensive. Il y a les élections, lorsqu'elles se produisent peu de temps après de telles "menées". On peut aussi s'autoriser à quelques hypothèses (des hypothèses, rien de plus) en constatant que cette majorité ne se solidarise pas avec cette minorité et en s'interrogeant sur les raisons de ce fait.Frédéric Staps a écrit :Comment prétendre connaître l'opinion de cette majorité silencieuse puisque justement elle ne s'exprime pas ?
A mon sens, tout n'est que caricature dans le mai 68 étudiant. Caricatural, le motif qui a donné lieu aux premières échauffourées. Caricaturaux, ces slogans dépourvus de sens et/ou de tendance anarchiste en s'opposant à des règles élémentaires structurant toute société. Caricaturaux, ces drapeaux rouges posés à la Sorbonne par des fils de bonne bourgeoisie qui effectivement, si on leur avait payé le voyage en Chine, auraient constaté le décalage total entre ce régime dont certains d'entre-eux chantaient les louanges et leur "philosophie de la vie" inspirée de Marcuse. Caricatural, ce "mythe de mai 68" récupéré par une bonne partie de la classe politique française dont les membres n'ont pourtant généralement pas grand chose à voir avec les acteurs de ce mois. Et caricaturale, cette tendance à mettre sur le dos de ce mois de défoulement toutes les évolutions considérées comme défavorables de la société française. Il me semble plutôt que ces évolutions (envers lesquelles je ne suis pas toujours d'un enthousiasme béât) procède d'un phénomène de longue durée, dont mai 68 ne fut qu'une manifestation épidermique.Frédéric Staps a écrit :C'est un peu caricatural. "Sous les pavés, la plage", "L'imagination au pouvoir" ou "Il est interdit d'interdire" sont des slogans légèrement différents des belles paroles que le Grand Timonier prononçait pour envoyer ses troupes au casse-pipe lors de la guerre de Corée
Je ne suis pas persuadé qu'il y en ait eu un seul...Frédéric Staps a écrit :Les morts de mai '68 ne se chiffrent pas en millions.
C'est plus Chirac qu'il a trahi que BalladurFrédéric Staps a écrit : En quoi sa trahison à l'égard d'Edouard Balladur contraste-t-elle avec les habitudes de l'actuel président ?

Posté sur le forum Pour l'Histoire par Artaxerxès le 04/07/2005 10:47