arme au bras

Sujets généraux concernant l'histoire du Consulat et de l'Empire
la remonte
Messages : 198
Inscription : jeu. 13 janv. 2022 14:03

Re: arme au bras

Message par la remonte »

oui , pour les marches on se soulage comme on peut . j'ai le souvenir d'avoir marché toute une nuit avec l'AA52 ... à l'alerte d'un plastron ennemi mes camarades ont sauté par dessus les fils barbelés tandis que sous le poids je restais accroché par le fond du treillis , cul par dessus tête , l'AML qui passait au ralenti a du me prendre pour une souche d'arbre :roll:
la remonte
Messages : 198
Inscription : jeu. 13 janv. 2022 14:03

Re: arme au bras

Message par la remonte »

à Eylau : Napoléon ordonne aux 2e chasseurs et 2e grenadiers de les attaquer. C'est à ce moment que le général Dorsenne qui les commande crie à un grenadier qui voulait se servir de son arme : « grenadiers, l'arme au bras ! La vieille garde ne se bat qu'à la baïonnette »
Avatar de l’utilisateur
Frédéric Staps
Messages : 5382
Inscription : mer. 26 avr. 2006 13:17

Re: arme au bras

Message par Frédéric Staps »

la remonte a écrit : mar. 14 mars 2023 16:54 à Eylau : Napoléon ordonne aux 2e chasseurs et 2e grenadiers de les attaquer. C'est à ce moment que le général Dorsenne qui les commande crie à un grenadier qui voulait se servir de son arme : « grenadiers, l'arme au bras ! La vieille garde ne se bat qu'à la baïonnette »
Pourquoi ne pas les équiper de hallebardes plutôt que de fusils, si les fusils sont simplement un support pour les baïonnettes ? :gek:
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? »
la remonte
Messages : 198
Inscription : jeu. 13 janv. 2022 14:03

Re: arme au bras

Message par la remonte »

qu'est ce que vous faites de la gloire ? se souviendrait-on de l'Empire sans elle ? ce qui motive l'héroïsme c'est l'éternité de son souvenir . Il est difficile de croire que les grenadiers de Dorsenne aient tous entendu ses paroles au milieu du vacarme , mais les ordres sont descendus dans les rangs .
Napoléon a insufflé cette aspiration à tous ses chefs , peu importe la mort , elle viendra . mais elle viendra doublement si on l'oublie . la hantise c'est l'oubli .
on peut gagner l'éternité par des oeuvres parfaites , arts , villes , lois ... la guerre en a été longtemps un moyen :salut:
Avatar de l’utilisateur
Frédéric Staps
Messages : 5382
Inscription : mer. 26 avr. 2006 13:17

Re: arme au bras

Message par Frédéric Staps »

la remonte a écrit : ven. 17 mars 2023 14:22 qu'est ce que vous faites de la gloire ?
"Un hochet qui permet de mener les hommes". N'est-ce pas ce qu'en a dit Napoléon ? ;)
la remonte a écrit : ven. 17 mars 2023 14:22 se souviendrait-on de l'Empire sans elle ?
On se souvient de Gengis Khan, d'Attila et de Tamerlan. Est-ce à cause de la gloire ? Je n'en suis pas sûr.
la remonte a écrit : ven. 17 mars 2023 14:22 ce qui motive l'héroïsme c'est l'éternité de son souvenir .
Ici, il est plutôt question de combattivité que d'héroïsme. Le but est d'établir de manière évidente une distinction entre la troupe ordinaire et la garde. Selon Keegan, les mêlées où les hommes se battent à la baïonnette sont plutôt exceptionnelles, voire inexistantes. Selon lui, quand une ligne charge à la baïonnette, cela a pour effet de provoquer la panique et la débandade dans les troupes adverses. L'ordre de Dorsenne n'est donc peut-être pas lié à l'idée qu'un membre de la garde doit se montrer plus héroïque qu'un soldat ordinaire, mais que sa manière de combattre doit être plus impressionnante.
la remonte a écrit : ven. 17 mars 2023 14:22 Il est difficile de croire que les grenadiers de Dorsenne aient tous entendu ses paroles au milieu du vacarme , mais les ordres sont descendus dans les rangs.
Il est également difficile de savoir si ces paroles ont été réellement prononcées ou si c'est une reconstruction a posteriori dans le but de donner un caractère épique à des combats dont la réalité est bien plus prosaïque. Comme le disait Lannes, ceux qui prétendent n'avoir jamais eu peur au combat sont des jean-foutres. ;)
la remonte a écrit : ven. 17 mars 2023 14:22 Napoléon a insufflé cette aspiration à tous ses chefs , peu importe la mort , elle viendra . mais elle viendra doublement si on l'oublie . la hantise c'est l'oubli .
Tous ses chefs ? Rien n'est moins sûr.
Il semble notamment que Lannes ne fonctionnait pas avec ce type de principes. Il avait le souci de la vie de ses hommes, même si lui-même n'hésitait pas à mettre la sienne en danger. Au moment où il a été frappé par le boulet qui lui a été fatal à Essling, il s'était assis parce qu'il était bouleversé d'avoir vu mourir à ses côtés le général Pouzet.
la remonte a écrit : ven. 17 mars 2023 14:22 on peut gagner l'éternité par des oeuvres parfaites , arts , villes , lois ... la guerre en a été longtemps un moyen :salut:
La guerre a d'abord et avant tout pour effet de raccourcir l'existence de milliers voire de millions d'hommes et de femmes.
Les constructions prestigieuses comme les pyramides ou les cathédrales ont pu avoir le même effet, mais jamais dans les mêmes proportions.
C'est arrivé également lors du tournage de certains films, mais c'est plutôt des exceptions.
Les autres arts, comme la peinture ou la musique, n'ont normalement pas pour conséquence d'entraîner la mort.
Les découvertes scientifiques sont un autre moyen de "gagner l'éternité".
Les exploits sportifs occupent de plus en plus de place dans cette course à l'éternité. ;)
Mettre sur le même plan ces divers moyens de gagner l'éternité est quelque peu problématique.
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? »
la remonte
Messages : 198
Inscription : jeu. 13 janv. 2022 14:03

Re: arme au bras

Message par la remonte »

vous évoquiez la hallebarde :idea: mais dans l'esprit de Carnot , on y était presque avec le retour dans l'armée française de la pique ( discours des trois cent mille piques ) . on manque de fusils pour armer les citoyens quand la patrie est en danger .
-une arme offensive qui correspond à l'impétuosité de l'esprit français ! le but n'étant pas la destruction de l'ennemi mais sa déroute .
-une arme défensive contre une cavalerie coalisée supérieure .
abandonnée depuis 1703 , elle revient en force , l'inefficacité du feu est avancé " faisant plus de bruit que de dégâts " Carnot reprenant Maurice de Saxe sur " l'incertitude du feu " . :roll:
il y aura plusieurs bataillons de formés comme les Tercios . On exalte la pique dans le Traité de la colonne , vantant l'esprit révolutionnaire offensif en opposition à la ligne passive .
A l'épreuve de l'expérience , peu de commentaires et la Vendée semble y avoir mis un point final .
la " sainte pique " , le symbole fort de la Révolution va connaître les 18 et 19 sept 1793 une fin calamiteuse , le général sans culotte ( et :oops: ) Santerre voit ses hommes fusillés par les " Brigands " et leurs tactiques de tirailleurs .
Si les piquiers ne feront pas école auprès des chefs aguerris on en gardera longtemps l'esprit ... au moins jusqu'en 14 !
Quantité de régiments de cavalerie seront dotés de la lance qui doit terrifier de la même façon.

Les hommes de Dorsenne à Eylau comme à Wagram , l'arme au bras montrent leur détermination aux yeux de l'ennemi qui au moindre flottement engagerait la cavalerie toujours à l'affut .
Pour ce faire d'autres armées utiliseront la pique pour tenir les hommes dans les rangs en les poussant par derrière .
Pour essayer de comprendre les hommes de Napoléon , il ne faut jamais oublier qu'ils sortent de 1792 et qu'ils en ont gardé l'esprit .
mourir plus tôt ou plus tard est indifférent ( c'est une évidence dès qu'on a tiré le mauvais numéro ) ; bien ou mal mourir ne l'est pas , en cela la gloire est déterminante bien plus que la hallebarde dans les reins ou encore le bâton :idea:
la remonte
Messages : 198
Inscription : jeu. 13 janv. 2022 14:03

Re: arme au bras

Message par la remonte »

quand on se penche un peu sur l'origine du retour à ces équipements moyenâgeux ; piques , lances , cuirasses ... on trouve une véritable philosophie avec des théoriciens militaires comme Carnot , Belair , Bachelay qui reprennent une pensée commune que Guilbert , Folard ou Menil-Durand ont énoncé ainsi : " « On reconnaît dans les Français la valeur et la vivacité des Gaulois leurs aïeux [...]. Il y a deux mille ans la nation française avait cette redoutable vivacité qu’elle a encore, mais armée aujourd’hui comme toutes les autres nations, elle laisse éteint à plaisir ce feu presque divin, comme disaient les Romains eux-mêmes, qui lui procura tant de victoires »  .
en somme pour faire court , pour être efficace le feu a besoin d'une discipline que n'ont pas les Français qui préfèrent l'arme blanche :idea: ça se traduira concrètement à Waterloo comme avant en Espagne .
dans la reprise de A l'ouest rien de nouveau , l'accent est mis sur les combats rapprochés où le couteau, la pioche , le casque remplacent le fusil , encore faut-il se rapprocher :roll: c'est toute la théorie de Keegan . :salut:
Avatar de l’utilisateur
de Sallanches
Messages : 16
Inscription : lun. 28 févr. 2022 10:14

Re: arme au bras

Message par de Sallanches »

la remonte a écrit : mer. 22 mars 2023 11:21 en somme pour faire court , pour être efficace le feu a besoin d'une discipline que n'ont pas les Français qui préfèrent l'arme blanche :idea: ça se traduira concrètement à Waterloo comme avant en Espagne
... Mais aussi plus tard en Algérie, en Crimée ou en Lombardie ("Sacs à terre ! Baïonnette au canon !")...

Jean Adolphe Beaucé (1818-1875), Épisode de la conquête de l'Algérie en 1849, 1855, huile sur toile :
Image

Gerolamo Induno (1825-1890), La bataille de Magenta en 1859, 1861, huile sur toile :
Image


Un extrait d'un très bon article publié dans le magazine DSI Hors-série n°24 (juin-juillet 2012) à propos des paramètres psychologiques de la charge à la baïonnette :

Déterminant psychologique de la lame en tant que vecteur d’agression portée :
En parallèle de la peur de l’arme blanche chez le défenseur, il faut noter un effet galvanisant voire exaltant sur la troupe lorsque l’ordre de fixer la baïonnette est donné. La fixation de la lame permet, par elle-même, d’accroître le moral de la troupe du fait qu’elle est un symbole de l’agression, supposant l’assaut. Marc Bloch rapporte ainsi que lors d’une panique, il « [dut] rallier les hommes tant bien que mal et leur faire mettre baïonnette au canon, moins pour parer à un danger auquel [il ne croyait] guère que pour les rassurer et surtout pour les empêcher de tirer à tort et à travers et de se blesser entre eux ». Aussi, en 1967 à Aden (Yémen), une compagnie britannique fut appelée à rétablir l’ordre dans le camp de Champion Lines occupé par sa garnison de mutins arabes. Ordre fut donné aux Britanniques de ne pas ouvrir le feu ; ce qui donna lieu à une première percée dans le camp mutin en subissant des pertes (1 mort, 8 blessés) sous le feu adverse sans moyen de réponse. La frustration étant haute, l’ordre de fixer la baïonnette renforça considérablement le moral et permit de pacifier le camp à la pointe de la baïonnette, sans perte supplémentaire, comme l’expose le major à la tête de cet assaut.

Enfin, le fait de fixer la baïonnette au canon selon un rituel particulier issu du « drill », sur ordre et en groupe, apporte, en plus de l’effet d’entraînement que suppose l’action collective, une part d’expérience et de certitude dans un milieu incertain, réduisant la conscience de l’inconnu, facteur de peur. Somme toute, la force suggestive de la lame en tant que vecteur d’agression est, en soi, une variable explicative de son efficacité psychologique. Le succès de l’assaillant n’est pourtant pas préétabli, il résulte de sa victoire dans une véritable dialectique des volontés. Ainsi, quelques exemples historiques montrent qu’une troupe pourtant à l’offensive, mais peu déterminée à engager le combat au bout, peut ralentir, s’arrêter et elle-même battre en retraite devant une défensive déterminée, elle, à engager le corps à corps ; la lame, outil d’aide à la décision, n’est que le symbole de l’offensive d’infanterie menée à son extrême, l’ultima ratio du combat d’infanterie.
Koïchi Courant, Etudiant à SciencesPo. (Sécurité Internationale), Chargé d’Etudes à l’EMA (RETEX).
"Le diable a deux cornes : l'orgueil et le mensonge" (Lanza del Vasto)
la remonte
Messages : 198
Inscription : jeu. 13 janv. 2022 14:03

Re: arme au bras

Message par la remonte »

merci pour cet éclairage :salut:

je vais opter pour le shako comme ici : pieds joints , l'arme au bras , par contre les guêtres au dessus du genou et ne manquerai de revenir présenter mon travail ;)


Image

modèle retenu

Image

ça fera plus étoffé en arrière plan

Image
Avatar de l’utilisateur
Frédéric Staps
Messages : 5382
Inscription : mer. 26 avr. 2006 13:17

Re: arme au bras

Message par Frédéric Staps »

la remonte a écrit : mar. 21 mars 2023 10:30 mourir plus tôt ou plus tard est indifférent ( c'est une évidence dès qu'on a tiré le mauvais numéro ) ; bien ou mal mourir ne l'est pas , en cela la gloire est déterminante bien plus que la hallebarde dans les reins ou encore le bâton :idea:
Apparemment, il y avait une autre possibilité.
La voie suivie par Jean-Marie Vianney.

Image
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? »
Répondre