

"La première colonne française était composée de grenadiers à cheval et de cuirassiers, les premiers en tête.
J'ai oublié s'ils avaient ou non changé cette disposition, mais je crois, d'après le nombre de cuirasses que nous trouvâmes ensuite, que les cuirassiers menèrent la deuxième attaque. Quoiqu'il en soit, leur colonne se rassembla.[...]
[...] La colonne monta alors une fois de plus sur le plateau et messieurs les tirailleurs se retirèrent à droite et à gauche pour laisser la place à la charge. Le spectacle était imposant et si jamais le mot sublime fut exactement appliqué, il pouvait sûrement l'être à celui-ci. Les cavaliers avançaient en escadrons serrés, l'un derrière l'autre, si nombreux cette fois que l'arrière était encore caché par la crête lorsque la tête de la colonne n'était qu'à 60 ou 80 yards de nos canons. Leur allure était un trot lent, mais soutenu. Ce n'était pas là une de ces furieuses charges au galop, mais l'avance, à une allure délibérée, d'hommes décidés à arriver à leurs fins. Ils marchaient dans un profond silence et le seul bruit qu'on entendait à travers le rugissement incessant de la bataille était le roulement sourd du sol foulé par les pas simultanés de tant de chevaux. Chaque homme se tenait ferme à son poste, les canons prêts, chargés d'un boulet d'abord et d'une boîte à mitraille par-dessus: les tubes étaient dans les lumières: les porte-feu brillaient et pétillaient entre les roues. Un mot de moi seul manquait pour précipiter la destruction sur ce magnifique déploiement d'hommes vaillants et de nobles chevaux.
(à suivre)