
c'est plus flagrant ici , le pas en avant et à la renverse
A Waterloo, ce n'est clairement pas cette stratégie que Napoléon a appliqué. C'est plutôt lui qui se serait laissé prendre par cette stratégie, même s'il est peu probable qu'en battant en retraite après sa défaite de Ligny, Blücher ait su qu'il allait entraîner à sa poursuite une partie de l'armée française et qu'il allait ensuite pouvoir rejoindre l'armée de Wellington pour obtenir une victoire.la remonte a écrit : ↑Ven 17 Juin 2022 12:22 je retiens le mot de Védrine pour la stratégie militaire de Bonaparte qui s'est peut être inspiré de cette histoire ; séparer et frapper .
Cette radicalisation de la guerre se prolonge bien entendu au-delà de la fin de la Terreur, contrairement au nouveau discours critique sur l’honneur. Celui-ci s’estompe dès la fin de la décennie révolutionnaire. Et la France découvre en Napoléon Bonaparte un homme qui prend ouvertement soin de l’honneur plus que n’importe quel autre homme d’état dans l’histoire du pays. Comme l’a soutenu l’historien américain John Lynn, Bonaparte fait de l’honneur le concept central de la gestion de son armée, en nourrissant l’ambition de l’étendre à la gestion de la société française dans son ensemble.
Mais sur un point crucial, la tentative de Napoléon de créer un nouveau culte de l’honneur en France échoue. Car malgré ses efforts obsessifs, il ne parvient jamais à établir avec ses ennemis ce type de relation entre adversaires honorables qui a caractérisé la guerre sous l’Ancien Régime. Il s’en approche, mais, notamment avec la Grande-Bretagne, il ne réalise jamais son ambition. Même durant la Paix d’Amiens, il en vient à accuser le gouvernement britannique d’attaques contre son honneur et contre l’honneur de la France, allant jusqu’à voir dans la publication de caricatures de sa personne dans la presse britannique un complot orchestré par le ministère. En 1806, il accuse les britanniques de le forcer à adopter contre son gré les mêmes méthodes de guerres « barbares » qu’ils mettent eux-mêmes en pratique. Il n’est peut-être pas hors de propos d’envisager l’obsession de Bonaparte au sujet de l’honneur comme en partie motivée par la surcompensation de ces échecs.
Et bien entendu, dans son ultime défaite, Napoléon se voit lui-même privé de l’honneur qu’il escompte en tant que souverain légitime. Au lieu de pouvoir se maintenir sur le trône, ou d’abdiquer à la faveur de son fils, il est traité en criminel, et soumis à la déportation. Dans les mémoires de son exil, surtout dans le Mémorial de Sainte-Hélène, chaque page peste avec indignation contre un tel traitement : « Les ministres anglais, écrit Las Cases, oublièrent leur honneur, [et] compromirent celui de leur pays. » De même, les dirigeants de la France « ont forfait à l’honneur » en déportant Napoléon. Ce fut « un de leurs actes domestiques qui outrage nos lois et blesse leur honneur28 ». Et ainsi de suite. Quant à Sainte-Hélène, les six dernières années de l’existence de Bonaparte se consomment en ce que l’on ne peut désigner que comme une mauvaise parodie de combat pour l’honneur, c’est-à-dire une intense mais pitoyable lutte menée par l’ancien empereur pour que son geôlier anglais reconnaisse son titre d’empereur. Dans le refus de Sir Hudson Lowe de lui faire cet honneur se révèle un véritable retour du refoulé : le discours critique sur l’honneur des Lumières et de la Révolution française refait surface, en privant celui qui se voyait lui-même comme l’héritier de la Révolution de ce qu’il désirait le plus.
David A. BELL, "La critique de l’honneur à la fin du siècle des Lumières : ses origines et ses conséquences", Penser et vivre l'honneur à l'époque moderne, Rennes, 2011.
D'où vient cette idée que les Anglais auraient décampé si la victoire de Napoléon à Ligny avait anéanti l'armée prussienne ? Y a-t-il des sources anglaises qui font allusion à cette éventualité ? Ne s'agit-il pas plutôt d'un scénario conçu par des gens qui prennent leurs désirs pour des réalités ?la remonte a écrit : ↑Lun 20 Juin 2022 9:14 En 1815 , pour la campagne de Belgique c'était bien parti , comme en 1805 la " fulgurance " française avait séparé Anglais et Prussiens comme hier les Autrichiens des Russes ; Drouet d'Erlon arrivait comme Napoléon lui avait ordonné et c'était plié . Les Anglais aurait rembarqué vite fait s'il en avait eu le temps , la Belgique n'est pas la Galice .
Est-il vraiment charitable de sous-entendre que les Anglais ont l'habitude de décamper plutôt que de combattre "jusqu'au dernier de leurs hommes" ? Ce que n'a d'ailleurs pas fait la garde malgré la légende tenace de la phrase attribuée à Cambronne dans sa forme élégante...la remonte a écrit : ↑Lun 20 Juin 2022 23:14 Du coup c’est par charité qu’on imagine les Anglais décamper , mais s’il leur venait l’idée de se battre « jusqu’au dernier de leurs hommes « pour une fois ,
Oui, mais dans la réalité, il a perdu la bataille et son trône dans la foulée.la remonte a écrit : ↑Lun 20 Juin 2022 23:14 je pense que Napoléon aurait fait de la victoire de Waterloo sa propre victoire et comme celle d’Austerlitz , il n’y aurait pas eu de prince ou de duc du nom de la bataille .
L'histoire des Horaces et des Curiaces ne s'arrête pas à la victoire de Publius Horatius grâce à la ruse. Après sa victoire, celui-ci va en effet tuer sa soeur parce qu'elle pleure la mort d'un des Curiaces auquel elle était fiancée. Suite à cela, Publius Horatius est condamné à mort, mais son père obtient son acquittement. Corneille en a tiré une pièce où la plaidoirie du père devient une défense de l'honneur (représenté par son fils, malgré sa stratégie qui apparaît pour d'autres comme peu honorable) contre la passion amoureuse (représentée par sa fille).la remonte a écrit : ↑Lun 20 Juin 2022 23:14 Pour ce qui est d’un éventuel lien avec Horace , ne pas oublier qu’à Austerlitz , Napoléon a su jouer la feinte , avec de la dérobade et un simulacre de négociation pour paraître aux abois, rien à voir avec un sens de l’honneur mal placé comme évoqué plus haut![]()
Ces trois dates marquent certes une rupture, mais de nature différente.la remonte a écrit : ↑Mer 22 Juin 2022 9:40 la France a perdu son leadership comme l'Europe après 1918 et l'Amérique après le 11 septembre .
il ya des dates comme ça " disruptives " .
Entre Jeanne d'Arc et la Révolution, il s'est quand même passé quelques siècles et notamment le siècle de Louis XIV pour paraphraser Voltaire.la remonte a écrit : ↑Ven 24 Juin 2022 10:19 " celui qui fait la guerre à la France fait la guerre au roi Jésus " Jeanne d'Arc
c'est l'idéologie même de la France , même si depuis la Pucelle on a remplacé le roi Jésus par ; Droits de l'homme , démocratie , progrès , humanité , civilisation ... Napoléon à l'époque incarnait ( bien malgré lui ) la Révolution , d'ailleurs les nouveaux Français sont souvent les plus fervents défenseurs de la nation française![]()
C'est en cela que la France , en trublion de l'Histoire ou poil à gratter reposant sur une puissance démographique a été leader et l'est encore pour ceux qui la rêvent .